Valeurs humaines . Des repères de vie
Il y a des soirs ou je me laisse déborder par mes désespérances, mais c’est bien souvent pour rebondir. Ces dernières années ont a beaucoup entendu parler d’émigration choisie, de retour au pays. La culpabilisation des plus démunis est également le lot quotidien des chômeurs, des RMIstes. Maintenant certaine ose évoquer la possibilité d’emprisonner des enfants de douze ans! Alors que des milliards d’être humains souffrent de la faim , des épidémies, et qu’un enfant meurt toutes les minutes sur notre planète, il suffit que la bourse s’enrhume pour qu’il soit possible de trouver en quelques heures les milliards de dollars et d’euros jusqu’ici impossible à débloquer pour soulager la souffrance des meurs de faim, ou encore éviter la dérive du continent africain. Dans le pays des droits de l’homme il est devenu ordinaire de bafouer les principes d’égalité. Avec les coupes drastiques dans le budget de l’éducation encore nationale, c’est le droit à la toute première égalité qui est foulé au pied, celle de la formation.
Pendant ce temps les radios, les télés et autres médias, ne manquent pas d’imagination pour faire croire à la sortie d’une vie devenue trop banale dans une monde ou l’individualisme est roi, à travers les émissions de télé-réalité sensées permettre à ceux qui le veulent de se lancer au firmament du show bizz. La richesse, le luxe et l’apparence sont devenus signe de réussite, et que les plus faibles vivent leurs souffrances sans trop faire de bruit ! Cette société d’être humain serait-elle encore humaine ? L’insupportable et le mépris poussent dans les violences ceux qui n’ont pas ou plus d’espoir ni de vision, à s’en prendre à tout ce qui de près ou de loin ressemble soit à l’autorité, soit à la réussite personnelle.
Loin de mon esprit de faire dans le passéisme ou je ne sais quelle nostalgie ! Nos parcours de jeunesse et actuels sont différents, cependant à l’occasion de nos mémorables échanges avec Gilles nous partagions le fait que nous avions grandi dans une société ou la jeunesse se structurait dans des organisations, des mouvements sociaux. Pour ma part j’ai baigné dans les luttes contre la guerre au Vietnam, la libération d’Angela Davis, le soutien au gouvernement Allende, …. J’ai grandi avec ces mouvements d’enfant et de jeunesse qui m’ont permis de connaître tout ce que l’on n’apprenait pas dans les livres d’écoles ; la commune de Paris, le Front Populaire, la Guerre d’Algérie,…
Il est vrai qu’il y a quelques années, lorsque progressivement toutes les espérances des gens de ma génération que j’avais côtoyé dans ces années militantes ont commencé à s’effriter , notre désarroi fut profond.
Depuis souvent on m’a posé cette question: mais que te reste-t-il ?
Il me reste sans doute l’essentiel, qui fait qu’aujourd’hui je me sens bien dans mon travail, dans mes relations, dans mes engagements. Il me reste des valeurs humaines, que je crois universelles.
Ces valeurs humaines qui font le socle des pratiques d’éducation populaire. C’est ma façon à moi de me battre pour une vision de la société que je crois fondamentalement humaine. Il faut remettre au coeur de l’intervention sociale:
- la liberté
- le respect mutuel
- le goût de l’effort
- l’esprit critique
- la créativité
- la responsabilité
- la démocratie
- La solidarité
La violence engendre la violence. La violence de la société engendre celle de ses citoyens. À l’heure ou l’actualité montre en France ou en Grèce que la jeunesse affiche sa détresse par des émeutes que rien ne semblent contenir, ces valeurs sont plus que jamais d’actualité. Elles ne sont pas archaïques mais nécessaires pour trouver le chemin d’une société ou prime le développement harmonieux des hommes et des femmes.
Deux cents ans après la déclaration de Saint Just, le bonheur est toujours une idée neuve. Le bonheur serait-il une utopie ? Si oui alors il faut continuer d’ y croire.