Les TIC et la citoyenneté font l’objet de nombreux travaux permettant l’analyse d’une mutation que nous vivons en direct. Cette analyse nécessaire, face aux enjeux de société que pose l’avènement de la société de l’information et la communication doit permettre aux citoyens et à tous ceux qui globalement œuvrent dans le développement social et/ou l’accès pour tous aux TIC, de comprendre le sens de leur action, se forger des partis pris et d’imaginer leurs pratiques dans la société et/ou en direction des publics qu’ils accueillent.
Les technologies de l’information et la communication sont en train de bouleverser nos modes de relations sociales. Elles envahissent et s’insinuent dans tous les instants de notre existence et nous assistons à une véritable évolution des sociétés humaines que certains nécessitent pas à comparer à la révolution industrielle. Des intellectuels comme Jacques Robin, Véronique Kleck, ou encore Patrick Viveret, et bien d’autres expliquent que si les TIC entrainent une modification profonde, cette révolution est cependant tout à fait différente de ce qui a été vécu au 19 ème siècle et ce pour deux raisons essentielles.
- La première c’est le rythme de cette révolution, car la où il a fallu 200 ans pour la révolution industrielle il aura fallu seulement 50 anspour la révolution technologique et le rythme ne cesse de s’accélérer.
- La seconde c’est que la matière produite par la révolution technologique est avant tout celle de l’intelligence.
Si le praticien et le promoteur de l’accès pour tous aux tTIC que je suis admet ces analyses, se pose alors sans conteste la question de la citoyenneté.
Citoyenneté car nous ne pouvons regarder cette révolution sans en comprendre les mécanismes, les enjeux afin de ne pas subir mais d’en être un acteur, un auteur. Cette révolution ne peut-être la préoccupation de quelques précurseurs ou pire, de quelques acteurs économiques, politiques ayant compris tout l’intérêt qu’ils peuvent en tirer en terme de rentabilité, ou/et exercice du pouvoir. Il y a donc urgence que cette question deviennent une question populaire car il y a effectivement matière à remettre à plat les conditions d’organisation de la société:
- l’organisation du temps, celui du travail, celui de l’éducation et la formation, celui d’une citoyenneté active, car les formidables progrès technologiques et scientifiques permettent aujourd’hui, sans remettre en cause les capacités de production, de faire de moins en moins appel aux temps des être humains.
- La place de l’argent afin de lui redonner sa fonction première, celle d’un moyen d’échange et non une finalité en soit, finalité qui aboutit aujourd’hui à ce que les technologies sont bien souvent le moyens de diminuer les coûts humains sans diminuer la valeur marchande des bien produits afin d’augmenter les rentabilités financières.
- La pratique du pouvoir afin de redonner à chacun la possibilité de participer, débattre, décider et mettre en œuvre toutes les questions qui portent sur l’organisation de la société dans le respect de l’intérêt général.
Citoyenneté, car s’il s’agit bien de produire de l’intelligence alors il n’y a pas de petites expertises. La moindre expérience vécue dans le quartier, à l’entreprise, à l’école, partagée et mise au débat devient autant de richesses intellectuelles misent à disposition de tous.
Patrick Viveret explique dans son livre « pourquoi ca ne va pas plus mal » que pour qu’il y ai productivité intellectuelle il faut réunir trois conditions; la liberté, la sécurité économique et la sécurité culturelle et psychologique. Ces trois conditions sont aujourd’hui plus que malmenées.
Sans se transformer nécessairement en apôtre de la bonne parole, sans se réclamer d’une vérité plus que d’une autre (à chacun ses partie pris et ses convictions), une chose est sur; nous sommes tous interpellés par cette question des TIC et de la citoyenneté.
- Interpellation du citoyen qui doit nécessairement conprendre le sens des évolutions à venir et se forger une opinion.
- Interpellation de ceux qui comme moi se réfèrent à l’éducation populaire, pour informer, organiser le débat, et aider aux pratiques populaires que j’évoque régulièrement dans mes billets
De mon point de vue tous ceux qui œuvrent pour l’accès pour tous aux tic, ceux qui agissent dans les domaines de l’éducation, l’insertion sociale doivent avoir en tête ce qui ce joue pour les années à venir, et imaginer le rôle qu’ils peuvent tenir au quotidien pour aider toutes les populations à aborder de façon consciente, active un avenir qu’ils ne doivent pas subir.
La m@ison a décidé de faire de cette thématique le fil rouge de ses actions pour les mois à venir. Elle n’y va pas porte fanion en tête, mais consciente des enjeux citoyen des TIC. Elle le fait à travers ses activités et actions afin que le débat et la pratique existe en :
- organisant des soirées thématiques sur des problématiques aussi diverses que la solidarité, les enfants et le net, l’administration en ligne, … ,
- organisant les solidarités et l’échange de connaissance par des projets comme le portail des solidarités ou les réseaux d’entraide,
- organisant la prise de parole, le positionnement, le dialogue, le débat et la construction citoyenne avec des projet comme le Kikalu,
- faisant de la promotion et de l’usage des logiciels libres un de ses axes majeurs comme vecteur d’un véritable débat sur les libertés fondamentales,
- œuvrant concrètement à l’accès au matériel par les filières de réemploi du matériel informatique et posant concrètement les questions de préservation de l’environnement et des solidarités,
- se positionnant clairement et sans retenu dans les différents réseaux des acteurs de l’accès pour tous, pour partager, s’enrichir du savoir et savoir faire des autres,
et plus globalement en mettant au débat et à la critique son action, celle de tout ceux qui souhaite le faire en organisant la biennale de la m@ison.
C’est une action passionnante, utile et nécessaire pour échapper aux risques d’une technophobie potentielle et rampante qui pèserait sur l’avenir d’une grande majorité de l’humanité. J’évoque la m@ison parce que c’est ce que je connais de mieux. Nombreux sont ceux ont perçu la nécessité de partager une analyse, se forger une opinion, et s’engagent concrêtement dans des actions innovantes et pour qui « mettre l’homme au coeur des préoccupations » n’est pas un vain mot! (un exemple parmi d’autres)
No Comments