En regardant cette photo, hormis ceux qui se sont déjà promener dans le parc départemental de la Courneuve, qui pourrait croire qu’elle a été prise dans le département de la Seine Saint Denis, et précisément à La Courneuve ?
« On est pas d’un pays mais on est d’une ville », chante Bernard Lavilliers. Cette ville que j’ai quittée il y a une vingtaine d’année, reste le lieu de mes racines, de mon histoire , la où je me suis appropriée les valeurs auxquelles je crois. Certes je serais incapable de parler de La Courneuve comme Bernard Lavilliers chante sa ville. Mais je vous l’affirme, La Courneuve est belle. A l’occasion d’un billet qu’il avait écrit lors de sa venu à la fête de l’humanité, j’ai dit à Gilles que je le lui ferais découvrir .
Je viens de passer quelques jours de repos dans ma ville natale et à cette occasion j’ai repris le temps d’y faire quelques pas et notamment dans cet immense parc. J’avoue avoir ressenti un vrai sentiment de fierté alors que les images que l’on nous renvoie de la Courneuve dans les médias, même si elles sont réelles, ne reflètent pas la réalité d’une ville qui, si on veut bien s’y attarder, recèle des richesses extraordinaires.
Songer que ce parc couvre un tiers de son territoire. Un choix fait il y a plus de cinquante ans, bien avant que les questions écologiques ne soient à l’ordre du jour.
Mais ce n’est pas l’unique richesse de cette ville. Mon père déclarait : « Les élus municipaux n’ont pas seulement la responsabilité d’administrer leurs concitoyens; ils ont le devoir de leur faciliter l’accès aux choses de l’esprit. » Pas un équipement public n’y fut construit sans qu’il ne soit paré de l’œuvre d’un artiste. La Courneuve « … a soutenu et suivi de nombreux artistes dans les acquisitions et les commandes, de sorte que la ville possède des ensembles d’oeuvres, et non des moindres, de Jean Amblard, de Roland Brice, de René Collamarini, de Joseph Constant, de Raymond Guerrier, de Blasco Mentor, de Mireille Miaihle, de Jack Ottaviano, de Georges Salendre, de Sebastiao Salgado, de Françoise Salmon et de Boris Taslitzky. Elle a aussi accordé une importance au renouveau de la tapisserie de l’après-guerre. Cette volonté d’accompagnement des artistes, qui se situe de la 2e moitié des années 1950 au début des années 80, a donné une cohérence et une pertinence au fonds de la ville…. »
La Courneuve c’est une contribution à l’histoire de l’art, c’est aussi la volonté que l’art soit accessible au plus grand nombre. Les années soixante ont ainsi vu la naissance du conservatoire, la création de la maison de l’enfance ou les ateliers d’arts plastiques avaient une place importante dans l’accueil des enfants, …
La Courneuve est belle, mais il n’y a pas de hasard. Car sa première richesse c’est sa population ! Celle qui issue de ce que l’on appelait la classe ouvrière, a décidé de se donner pour élus des hommes et des femmes issus de leur milieux. Ces même hommes et femmes qui restèrent fidèles à leurs valeurs et qui, par un des outils qui était à leur disposition (la taxe professionnelle) allait permettre que les richesses produites par tous dans les nombreuses usines présentes sur son territoire, reviennent pour partie à ceux et celles qui les créaient. Utiliser l’impôt pour permettre au plus humble de vivre dans une ville embellie, leurs permettre d’accéder à la culture, aux loisirs et tant d’autre choses encore, n’y a t-il pas plus belle démonstration que celui-ci mis au service de tous peut-être aussi une des formes de juste répartition des richesses produites par tous ?
Oui La Courneuve est belle ! Je ne dit pas cela avec nostalgie ! Le contexte a changé, mais malgré les difficultés La Courneuve reste la ville de solidarités, celle des luttes contre l’injustice,
La Courneuve est probablement le symbole de ce que l’on appelait la banlieue rouge. Elle porte les histoires les plus belles mais aussi les images d’espoirs qui furent trahis par des régimes situés à des milliers de kilomètre d’elle . Elle reste à mes yeux, la ville ou des hommes et des femmes on cru qu’un autre avenir était possible et qui s’y sont attelé. Je leur en serais toujours reconnaissant.
Un proverbe africain dit : « C’est au bout de la vieille corde qu’on tisse la nouvelle » .De l’histoire si particulière de cette ville il y a probablement beaucoup à apprendre. Une ville ou la valeur de référence reste l’être humain, la solidarité, le respect d’autrui.
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