Tu me connais, Aldo, je suis très pointilleux sur la nature de ce que je publie sur Internet. J’essaie de mettre en cohérence mes actes avec mes propos . Ainsi, lorsque j’interviens, notamment sur l’identité numérique, j’invite chacun à se positionner, notamment, sur l’image publique et privée. Je ne juge pas, mais j’invite à faire des choix maîtrisés. Pour ma part, je m’en suis toujours tenu à la règle suivante : soit je publie dans un cadre professionnel, soit mes publications n’engagent que moi, mes propos pouvant alimenter des débats, des réflexions. Ce ne sont alors que des contributions.
Alors, pourquoi parler de toi, ce soir, Aldo ? Pourquoi, ce soir, déroger à la règle ?
Mon petit ego personnel m’a fait revendiquer, avec un peu de fierté , à travers les réseaux sociaux, qu’un de mes textes servait de support à un travail de formation pour des étudiants, un texte sur le sens des mots « ami » et « amitié ». Si j’ai envie de parler de toi, Aldo, mon ami, c’est que tu as laissé à ceux que tu côtoyais, un héritage de vie qui mérite d’être partagé.
Qu’ai-je retenu de notre chemin commun ?
« Le bonheur, ça se mérite » disais-tu. Tu avais su faire un atout des handicaps de la vie . Si tes genoux ne te portaient plus, ce n’était pas grave : tu leur faisais danser la gigue ! Si ton sang te jouait des tours, tu lui faisais faire un tour de la Terre. Ton corps meurtri s’effaçait devant ta jovialité, ton courage et ta ténacité ! L’image que tu donnais ainsi t’autorisait à bousculer tes proches, tes amis, dès lors que l’un ou l’autre se laissaient aller.
On ne vit pas sa vie par procuration. Pourtant, tout aurait pu t’y pousser : la maladie qui te rongeait les os, les douleurs récurrentes… Malgré tout ça, tu avais trouvé le bonheur. Un amour, un mariage, des enfants, des voyages… Une vie sans procuration, mais avec une reconnaissance infinie envers ceux qui ont partagé ton chemin.
Tu avais su trouver le juste équilibre entre la dure réalité de la maladie et ta manière de faire comme si la vie était normale pour toi. Quant à moi, j’avais dû dépasser ma pudeur pour te dire, avant que tu ne partes, mon admiration et mon amour !
On a tous croisé, dans nos vies, des personnages qui nous marquent, nous inspirent. Certains d’entre eux ont une influence réelle sur la façon dont nous allons poursuivre notre chemin. On les compte souvent sur les doigts d’une seule main. Un peu plus de deux ans que tu es parti, et tu fais toujours partie de ceux-là ! Je prends l’initiative de laisser de toi cette trace sur le net, comme une petite étoile qui continuera de briller, comme un bel exemple de vie .
Aldo, mon ami ! Excuse le possessif, mais il témoigne de l’immense bonheur que nous avons eu de nous croiser et de partager.
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