Formation, TIC, Espaces Publics Numériques et mission de service public !
Voilà un titre bien long, mais une récente rencontre m’a fait revenir sur le fait que ces thématiques étaient liées si l’on voulait développer une véritable politique d’accès pour tous à la formation par les usages des TIC. Elle a mis en exergue le rôle nouveau, aujourd’hui de plus en plus reconnu, des Espaces Publics Numériques et la nécessité de leur donner les moyens de leur action dans le cadre d’une mission de service public.
Je participais mardi 24 février au Formacamp organisé par la région Rhône Alpes, avec l’ensemble des acteurs de la formation et auquel avait également été conviés les Espaces Publics Numérique (EPN). Organisé en ateliers nous sommes intervenu avec Guy, dans l’atelier » Besoin en formation des acteurs du territoire« .
Une petite vingtaine de personne y participait, responsables d’organisme de formation, chefs de projet informatique pédagogique d’une université lyonnaise , responsables d’EPN, de missions d’insertion,….
Le débat fut riche montrant comment l’émergence des TIC dans le champs de la formation ne devait pas se traduire par une simple intégration de l’informatique dans les démarches pédagogiques, mais à une véritable remise en cause du processus pédagogique afin de prendre en compte :
- Toutes les possibilités offertes par les TIC
- Les pratiques des jeunes étudiants et stagiaires nés avec l’avènement de TIC
Mon propos n’est pas de vous faire un compte rendu de cet atelier vous le trouverez prochainement ici, mais de vous faire part de deux réflexions issu de ses travaux.
La première c’est l’émergence dans la formation aux usages des TIC du rôle essentiel des Espaces Publics Numériques. Ils ont vu affluer ces derniers mois tous ceux qui confrontés à la dématérialisation des services, se sont tournés vers ces lieux de proximités pour se former ou du moins appréhender les usages de l’ordinateur. Si cette situation a le mérite de montrer l’utilité des Espaces Publics Numérique, elle met en exergue le manque de prise en compte par les administrations ou institutions de la nécessité de prendre en compte la dimension de l’accompagnement, mais met également en difficulté les animateurs des EPN, qui n’ayant pas été formés à la gestion de profil sur le site du Pôle Emploi, à la rédaction de CV et de lettre de motivation, se voient contraint , soit de prendre le temps d’adapter leur accueil en conséquence, soit de se contenter d’une simple formation à l’outil, ce qui n’est pas de la mission initiale des EPN. Ce positionnement de fait n’est pris en compte par aucune des administrations qui du coup ce voient dédouanées de tout investissement et responsabilité sur une situation qu’elles ont créée. Elles laissent ainsi aux seul EPN la responsabilité de la mission et le poids financier de cette activité.
Cette situation est symptomatique à mon sens d’une approche très particulière du développement des TIC dans notre société. Je crains fort que sous le prétexte d’améliorer le service aux usagers pour les uns, aux clients pour les autres, la mise en place de l’informatique ne soit en fait une véritable aubaine à la recherche pour les uns d’économies, pour les autres de rentabilités. Économie quant le ministère des finances argumente la suppression de poste de fonctionnaires par le développement des services informatiques, rentabilité pour les autres, quant la machine viens soit accélérer les rythmes de productions et/ou la rentabilité financières par l’allégement des charges de personnel. Je n’irais pas plus loin sur ce propos je me suis déjà exprimer ici sur ce sujet.
Si je suis revenu sur ce propos c’est simplement pour souligner qu’au regard de ces choix économiques et politiques, il n’y a pas de hasard au fait que l’accompagnement de l’avènement des technologies de la communication , soit resté le parent pauvre de l’ensemble des initiatives publiques nationales. Bien des associations, des élus , et ce depuis des années tire la sonnettes d’alarme sur les risques réelle d’une fracture qui n’a rien de numérique, mais qui à tout d’une fracture sociale. Mais il faut croire que le temps leur donne raison. Le manque d’approche éducative et social commence à montrer ses effets. Il n’est plus rare de voir des reportages aux TV ou des articles dans les médias montrant les effets induits d’un usages des TIC qui n’est pas été soutenu par une véritbale politique éducative. Il n’est plus rare de souligner l’impacte des réseaux sociaux sur les politiques de recrutement et ce sans qu’aucun jeune n’est été alerté, et éduqué sur les conséquences réelles de leur propos. Ainsi Yannick Fondeur, chercheur à l’IRES (Institut de Recherches Économiques et Sociales) souligne dès novembre 2007 que « ….Si l’on est inscrit sur un site de sociabilité personnelle, il faut avoir pleinement conscience des informations auxquelles peuvent accéder les recruteurs, et utiliser les options de gestion de la vie privée, quand elles existent…. » À lire également un résumé des Journée d’étude du CREIS en date du 23 mai 2008-
Les débats de mardi ont montré combien tous ces aspects des usages de l’internet, la maîtrises des risques et des atouts de la possibilité de communiquer plus publiquement ont mis en exergue un des rôles essentiel en terme de mission de formation de EPN, rôle de plus en plus complémentaire des usages formatifs fait des TIC par les organismes de formation professionnel, les universités et autres .
Ce rôle ce doit d’être reconnu ! Cette reconnaissance passe par la conception et la mise en oeuvre d’une mission service public à tous les échelons de l’organisation politique de notre société : Etat, Région, Département et communes. Une mission de service public car elle seule peut garantir l’accès pour tous, elle seul peut garantir la diversité des approches politique, éducative de la formation par les usages des TIC. Une mission de service public qui garantisse également les moyen aux EPN mais aussi à tous ceux qui s’incrive dans cette dynamique d’assurer cette mission. Bien des associations se sont emparées de ses dimensions, elles doivent pouvoir être soutenu. Des communes se sont également largement engagées dans cette voix, des régions à l’exemple de celle du Nord Pas de Calais avec le dispositif Timpass. Un très grand nombres de ces initatives mettent en avant le rôle essentielle des EPN ou des strucutures similaires pour sensibiliser, former les populations aux usages de l’internet. Force est de constater que le plan Besson, dernier plan en date du gouvernement , évoque du bout des lèvres l’intérêt des espaces publics, mais n’aborde en aucun cas la question fondamentale d’une mission de service public et de ses financements.