J’ai participé , pour partie, au forum national de la démocratie participative organisé par la ville de Grigny. Les débats ont été riches, les expériences présentées très diverses et toutes dignes d’intérêt. De quoi enrichir les pratiques à un moment où de plus en plus de villes, de collectivités territoriales se cherchent des démarches adaptées à leur territoire. Lors de cette rencontre initiée de façon très volontariste, les idées et les intelligences ainsi partagées sont toujours généreuses de perspectives.
Si cette rencontre m’a conforté dans l’idée qu’il était indispensable de réfléchir à la démocratie, j’ose mettre les pieds dans le plat sur le concept même de démocratie participative. Puisque les mots ont un sens, je n’aime décidément pas le terme de démocratie participative. Il n’y a pas de démocratie sans participation; participation à des élections, participation à des débats, participation à la prise de décision. Sans participation minimum ne serait-ce qu’aux élections, il n’y a pas véritablement de démocratie.
Alors qu’est ce qui justifie aujourd’hui que ce concept de démocratie participative émerge? Ce que j’ai entendu de tous ou presque les participants c’est que face au désintérêt des habitants de la chose public, face à un écœurement certain des pratiques politiciennes qui se traduisent, entre autre, par des taux d’abstention aux élections de plus en plus important, il est nécessaire de se mobiliser et de créer les conditions d’un réel exercice de la démocratie.
Pour qu’il y est démocratie telle qu’elle fut initiée par les athéniens il faut que trois éléments soient réunis: une assemblée, un débat, un vote sur des décisions. Au niveau national, ces trois éléments sont régulièrement réunis, mais il donne lieu à une démocratie représentative où des élus se font les représentants d’un peuple à qui ils ont a peine présenté et mis au débat leurs programmes, programmes qu’ils dressent ensuite comme unique légitimité de leur action quotidienne, au mépris de toute remise en cause populaire, exprimé notamment dans les rues . Dans ces conditions faire le contraire de ce que l’on a dit ne pose aucun problème, car si la rue ne doit pas dicter sa loi (disent-ils), les grands intérêts financier peuvent le faire. Que les peuples soient mécontent et à marche forcer ces mêmes élus les conduiront la ou eux seuls ont décidé d’aller, le peuple Irlandais, comme avant lui celui du Danemark, en fera prochainement l’expérience.
Dès lors que des élus issus d’un scrutin qui ne peut être plus proche du citoyen, confrontés chaque jour à des problèmes de gestion de la cité de plus en plus ardues pensent qu’il n’y ai pas d’autre alternative que de d’associer la population en la faisant participer aux décisions est légitime. Mais il s’agit de participation que je qualifierais de citoyenne dans la mesure ou on amène les gens à réfléchir, proposer et agir dans la cadre de l’intérêt général.
Participation citoyenne ! Certain des intervenants de cette rencontre l’ont souligné en indiquant l’importance de la vie associative dans ce processus, vie associative qui permet à tout un chacun de trouver « sa porte d’entrée » à la participation. Ce qu’il faut gagner c’est que chaque citoyen trouve ou/et est les moyens d’intervenir sur le débat public. Un débat qui ne se restreint pas à un échange et une construction dans une confrontation des points de vue entre élus et population, mais un débat local tout azimut, et dont les élus sont les garants des règles. Pour cela encore faut-il également que les idylles acceptent de voir ce dialogue se mettre en place avec la possibilité de critiques qui ne soient pas toujours que constructives et positives, et ce laisser déposséder quelque part du contrôle de la parole et/ou de la façon dont elle s’exprime.
Pas facile de participer quand on est chômeur et qu’on se demande comment demain on fera vivre sa famille ! Pas facile de participer quand on est cadre et que face à la charge de travail il faut encore être disponible pour sa famille, et pour la collectivité! Tout ceci a été dit et s’il n’y a pas de réponse toute faite, l’important c’est que tous ses élus, chefs de service municipaux, responsables associatifs soient près à expérimenter de nouvelles pratiques pour réellement changer la donne.
Cette participation citoyenne ne se fera en concevant avec les habitants eux-mêmes ces nouvelles pratiques. Et c’est sans doute là le plus difficile . Personne ne peut penser à la place des autres et tout le monde à un petit quelque chose à mettre en commun. Si Rome ne s’est pas construite en un jour, le retour à une participation citoyenne prend et prendra du temps. Le budget participatif à Grigny, est le point d’orgue d’une démarche progressive engagée il y a plus de dix ans, et dont il faudra encore et toujours pousser les frontières pour que de plus en plus de Grignerot s’engagent.
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