Je reviens de Berlin où la m@ison a été sollicité par la GIZ pour témoigner de l’expérience et l’expertise de la m@ison de Grigny, à l’occasion d’un séminaire consacré à l’appui à la consolidation et au réseautage des Télécentres au Maghreb.
Très belle rencontre avec notamment les délégations Tunisienne , Algérienne et Marocaine ainsi que les experts venus partager leurs points de vue et alimenter les débats. Cette rencontre a permis de s’apercevoir, ou confirmer, que l’on soit au Maroc, en Tunisie, en Algérie ou en France, la question posée aujourd’hui aux animateurs des Télé-centres et Espaces Publics Numérique est de développer une démarche d’accompagnement qui prenne appui sur les réalités sociales, économiques et culturelles des territoires !
Ainsi, si dans le quotidien des banlieues françaises les problématiques émergentes sont par exemple,
- la parentalité à l’heure du numérique,
- les condition de l’accès aux droits face à la dématérialisation des services,
- … ,
il ressort des échanges auxquels j’ai assisté à cette occasion que la problématique du développement économique par la création de micro-entreprises notamment familiales était, du point de vue des responsables et animateur du réseaux des télé-centres, une préoccupation majeure des populations du Maghreb.
Dès lors ce qui réunit les porteurs de projets du Maghreb et Européen (mais très probablement d’ailleurs) ce ne sont pas prioritairement les contenus. Ce qui peut aujourd’hui les réunir c’est qu’il convient de mettre en adéquation leurs démarches pédagogiques avec:
- ce potentiel extraordinaire du net en matière de diffusion de l’information, des savoirs et des savoirs faire,
- le vécu, les besoin et les richesses culturelles des populations.
Ainsi il est impératif de substituer une démarche encore largement dominante qui consistent à une transmission du savoir et des savoir-faire de manière descendante, par une démarche participative qui rend chaque citoyen auteur et acteur de sa formation. Face au enjeux de TIC il convient d’engager des actions qui s’appuient sur l’intelligence collective et qui cumule formation aux outils et éducation aux usages.
Comment? Au regard de l’expérience de la m@ison, j’ai défendu l’idée que le patrimoine d’un territoire est le point de départ de toute démarche d’accompagnement aux usages des TIC. Tous les mots ont un sens et leur importance:
- Patrimoine d’un territoire constitué des hommes et des femmes , de leurs histoires communes, de leurs savoirs et savoirs- faire dans tous les domaines de l’activité humaine.
- démarche parce qu’en appui sur le patrimoine, il ne peut y avoir de recette et qu’il s’agit bien en fonction des personnes, individuellement ou collectivement d’être d’en un approche « cousu main » pour répondre au mieux au attentes.
- accompagnement plutôt que formation car l’internet, notamment face à l’immensité des informations disponibles, a démultiplié les possibilités de formation et auto-formation. Accompagnement pour favoriser le cousu main, permettre à tout un chacun d’être auteur et acteur critique de sa formation, mais également être en capacité de transmettre ce savoir.
- usages au sens ou les usages impliquent la manière dont on utilise tel ou tel outil donc sa façon de se l’approprier et par conséquence d’inventer de nouveaux usages. Les usages font appel à la créativité.
Pour mettre en œuvre cette démarche qui place l’humain au centre de l’action, des deux cotés de la méditerrané ce pose la même question: Quel est le profil de l’animateur du télé-centre ou de l’EPN ? Chacun à son rythme mais il semble bien inéluctable que tous s’orientent vers une vision des animateurs qui ne sont plus uniquement soit des informaticiens soit des salariés érudit en informatique, mais bien vers ce que l’on qualifie en France d’agent de développement social.
Cet agent de développement social, qui met au cœur de son action l’usage des TIC, doit être en capacité:
- d’appréhender les enjeux des TIC, en connaître les tenants et les aboutissants,
- analyser et comprendre l’environnement social, culturel et économique du territoire ou il intervient, en connaître toutes les forces vives afin de créer des partenariats, et appréhender les attentes et besoins des populations ainsi que les problématiques auxquelles elles sont confrontées,
- concevoir des projets d’animation et d’accompagnement en lien avec la vie des habitants,
- concevoir un mettre en œuvre une démarche pédagogique qui vise au faire avec les personnes afin d’être d’en une pratique qui favorise l’ agir pour comprendre, comprendre pour agir .
C’est à mon sens l’enjeu majeur pour les prochains mois si l’on veut que les télé-centres et les Epn deviennent des lieux ou l’ensemble de la population appréhende, comprenne et use des TIC pour participer et agir sur le devenir de nos sociétés.
La route est longue, exigeante. Cela passe par la formation des animateurs, qu’elle soit accompagnée et/ou par la nécessité de veiller ainsi que de participer virtuellement et physiquement aux divers réseaux des acteurs de l’internet accompagné.
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