Les politiques publiques d’accès pour tous aux tic se sont considérablement développées ces dernières années. Chacun rivalise de ses différents labels et mode de financement pour favoriser la formation et l’accès au matériel par tous. Cette politique qui ne fut pas systématiquement volontariste, notamment de la part des collectivités territoriales qui n’ont pas toujours mesuré les enjeux, participe sans doute à l’augmentation de la formation et au niveau d’équipement des ménages. Il reste cependant beaucoup à faire pour que la question du développement des usages de l’internet et du multimédia soit prise en compte dans tous les stades de développement de l’activité humaine afin de ne laisser personne sur le bord de la route.
Les critères d’évaluation souvent retenus, sont le taux d’équipement, la place des espaces publics notamment en terme de formation de base aux outils multimédia, la qualité et le développement des services mis en ligne par les collectivités territoriales pour faciliter entre autre les démarches administratives et l’information locale.
Ces critères d’évaluation, notamment retenus dans le cadre du label ville internet, font somme toute bonant–malant l’objet d’un consensus général dépassant les clivages politiques. Logique, dans la mesure où la montée en puissance de ce que l’on appelait encore il y a quelques années les nouvelles technologies est devenue irréversible et imprègne la vie quotidienne de tous.
Ce mouvement général a favorisé l’apparition de pratique individuelle permettant potentiellement à tout un chacun de s’emparer de la toile pour s’exprimer quel que soit le sujet, du bidouilleur informatique, au passionné de jardinage ou encore d’art moderne. Parmi ces milliers de blog certains participent réellement à une dynamique d’enrichissement collectif et le fait de s’exprimer ainsi publiquement prend alors tout son sens. Pour citer un exemple que je connais bien, quitte à en faire rougir de modestie son auteur je peux citer l’exemple de mon collègue Guy Pastre dont le blog vient d’être référencé par Thot . Mais il faut bien reconnaître que nombre d’entre eux sont d’un intérêt tout relatif d’un point de vue de l’apport collectif et qu’il est difficile de faire le tri qualitatif dans la jungle de l’information du net.
Ce mouvement a fortement marqué les dernières campagnes électorales et marquera probablement encore les élections municipales de 2008. Il suffit de faire une petite recherche sur internet pour très vite s’en apercevoir. Les blogs émanant des listes elles-mêmes, ou de citoyens décidés à s’exprimer se comptent quand même en milliers.
A la veille d’un scrutin, qui du point de vue de la proximité politique est important, mon propos est de poser les termes d’une évaluation qui pourrait être faite en 2014 à l’issue des prochains mandats.
Il pourrait être intéressant de continuer à évaluer à cette période, le taux d’équipement, le nombre de services rendus par la dématérialisation des procédures administratives, le nombre de formations dispensées dans les différents espaces publics pour permettre l’accès pour tous aux tic en mettant tout un chacun à l’aise avec le clavier, mais il serait également intéressant d’y insérer d’autres critères qui sont plus liés au développement de nos modes de relation et la rénovation de la citoyenneté.
Nombre de personnalités qualifiées expliquent et démontrent que l’avènement de la société de l’information est une des évolutions majeures de la société humaine. Je le crois ! Les formations pédagogiques, philosophiques et d’environnement sociale que j’ai pu suivre m’ont appris à juste raison que l’être humain est un animal social qui se développe, se construit grâce à la relation qu’il établit avec ses congénères. Si les TIC sont une des évolutions majeures de notre société, il serait intéressant de poser d’ores et déjà des principes et des critères d’évaluation qui permettent de constater que l’usage de TIC participe à ce développement social.
Ces critères d’évaluation posent bien évidemment en amont la nécessité de mettre en oeuvre des projets qui permettent d’affirmer ou d’infirmer ceci. Cette évaluation là risque d’être beaucoup moins consensuel, car de fait, elle implique qu’il faudrait mettre en oeuvre des projets qui visent non seulement à permettre l’accès pour tous aux outils de la communication, mais aussi l’appropriation de ces technologies pour participer au bien collectif et donc redéfinir la question de l’exercice collectif du pouvoir. Encore une fois, certains à titre individuel n’ont pas attendu et des projets collectifs comme celui de la m@ison, @Brest ou ceux qui ont été présentés à la biennale sont déjà engagés.
Avant d’être des projets d’accès aux TIC, ils sont, avant tout des projets de formation, de développement social et ou culturel. Ils s’appuient tous sur des orientations politiques, sur des partis-pris éducatifs et/ou politiques et sont donc porteurs de valeurs fondamentales de la société humaine que l’on partage ou pas. C’est ce prisme de l’évaluation, celui des valeurs fondamentalement humanistes qui pour ma part m’intéresse et pour lequel je milite.
J’ai la très grande chance d’animer un projet que nos interlocuteurs présentent comme audacieux et novateur. J’ai la très grande chance de le mettre en oeuvre sur un territoire d’attache qui a mis au coeur de son action la participation citoyenne. Il serait intéressant que les critères d’évaluation de ces projets pour les années à venir soient également la quantification qualitative gagnée la vie associative, l’élaboration du budget participatif et au-delà aux choix municipaux fait par toutes les couches de populations de la ville de Grigny.
A travers ce titre provocateur ce que je souhaitais mettre en exergue, une nouvelle fois, c’est que lorsque l’on se réclame d’une vision humaniste de la société, d’un développement de la participation citoyenne il faut mettre en oeuvre des projets qui touchent toutes les catégories de la population, à tous les stades de la vie (enfance, jeunes, adultes) qui prennent en compte des phases de formation, d’appropriation, de mise en relation de partage des savoirs et des savoir-faire. Des projets qui n’aient pas comme seule vision l’accès aux nouvelles technologies, mais bien une vision transversale du développement des usages dans tous les champs de l’activité humaine et du patrimoine de savoir et de culture accumulée des sociétés.
No Comments