Dossier: Le chef de projet et la gestion participative du personnel
Au cours de la semaine passée, j’ai été interpellé par deux fois sur la fonction de chef de projet. C’est pour moi l’occasion de partager avec vous ma façon de voir les choses. Il ne s’agit pas de vous donner un définition du rôle de chef de projet, mais bien plus de vous exposer la façon dont je me suis approprié cette fonction.
Tout d’abord je considère que l’on est chef de projet quand on est dans la position de construire et/ou mettre en oeuvre un projet répondant à une commande, qu’elle soit politique (ce qui est le cas de mon expérience), économique ou institutionnelle. Dès lors peut se retrouver chef de projet un directeur de service, un animateur, un chargé de mission,… Cette fonction est vaste, aussi je vous propose de l’aborder dans plusieurs billets et de consacrer celui-ci au premier aspect.
Le chef de projet et le donneur d’ordre. Une osmose nécessaire
Mon expérience se restreint à celle des collectivités territoriales et plus précisément les communes ou communautés de communes ou d’agglo. Le premier principe s’est la loyauté. On n’est pas tenue de partager toutes les orientations politique de son donneur d’ordre, l’essentiel reste d’être en accord sur la thématique ciblée. La diversité de point de vue permet de débattre à la prise de contact, des conceptions différentes, de repérer ce qui nous rassemble mais également de ce qui nous sépare, de faire le point et de savoir si oui ou non on peut travailler ensemble. Mais une fois que le contrat est passé, le loyauté doit être de mise, sinon il n’y a pas de travail possible.
Il s’agit aussi de respecter le rôle de chacun. Le donneur d’ordre pose le cadre politique (de la ville, de l’association,….) le chef de projet est là pour les mettre en musique et donc faire des propositions de mise en oeuvre. j’ai vécu à ce propos des expériences extraordinaires avec certains élus.
Je pense particulièrement à Louis Bayeurte, maire de Fontenay sous bois jusqu’en 2001. Je me rappelle l’avoir vu rappeler à l’ordre des adjoints lors d’un conseil municipal en leur signifiantque leur rôle, à propos de la politique municipale de l’enfance, de fixer les orientations politiques, mais de laisser aux techniciens le soins de penser et de mettre en oeuvre le projet éducatif et pédagogique.
Je pense également à Christian Réale, maire adjoint à Givors, avec qui j’ai travaillé longtemps comme directeur du service enfance, mais également chef de projet politique de la ville. Christian est comme moi de formation social, et nous avons eu par certain aspect le même parcours. Dans nos relations il n’a jamais interféré sur ma façon de gérer les personnels, ou encore mettre en oeuvre le projet, alors qu’il en avait toutes les compétences. De mon coté, même si nous avons débattu, il était clair que l’orientation politique c’est lui qui la fixait.
Je citerais encore René Balme, avec qui je travaille maintenant depuis 6 ans autour du projet de la m@ison. René Balme est un passionné d’informatique. Il n’a rien à apprendre de la conception d’un site web, du montage vidéo, … Cependant dans le cadre de notre relation professionnel, René à toujours porter nos échanges sur les orientations politiques: Usages des logiciels libres, technologie aux service de la démocratie participative,… Les seuls fois ou je l’ai vu s’en meler c’était au même titre que nos usagers qui participent à nos réseaux d’échange. Ce n’est plus le maire alors qui est présent. Mais le citoyen qui comme d’autre fait profiter de ces savoirs faires.
L’équilibre à mon sens ce joue là. Il faut une osmose avec le donneur d’ordre , former un binome ou chacun à sa place se qui permet effectivement au donneur d’ordre de maîtriser l’orientation politique du projet qu’il vous confie et au chef de projet de pouvoir imaginer, s’investir pour la mise en musique du projet.
Il m’est arrivé de me tromper, de penser que puisque nous étions d’accord philosophiquement cela ne pouvait que bien marcher. Il y a eu échec une première fois avec un élu qui pensait que son rôle était d’organiser le service dont j’avais théoriquement la direction. J’étais jeune !
La seconde fois c’est lorsque je pensais que nous étions en accord et que dans la pratique il s’est avéré qu’il y avait un écart entre les déclarations et les actes. Je n’ai pas eu de remords à me retirer .
Pour bien exercer cette fonction, il faut avoir l’honnété de reconnaitre que les conditions d’un travail en cohérence ne sont pas réunis. Je l’ai souvent souligné notamment en parlant du projet de la m@ison, quant il n’y a pas de portage politique, il n’y a pas de projet.
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