Solidarités ou comment les bonnes intentions et volontés ne doivent pas nous faire passer à coté de l’essentiel !
A la M@ison nous nous sommes engagés dès l’origine du projet dans les actions de solidarités. Cela a donné naissance en autre « Le portail des solidarités ». J’avoue un attrait particulier pour cette question.
Très vite les choses se sont accélérées et nous avons assumé une première mission de solidarité numérique à Koupéla au Burkina Faso. Notre bonne volonté, notre envie de faire, doit-elle cependant nous faire oublier l’essentiel de notre démarche !
Une récente rencontre m’a fait poser beaucoup de questions. Je vous soumets les quelques lignes que j’ai couchée immédiatement après cette rencontre.
Avec Guy, nous avons rencontré, de façon tout a fait opportune, Gorgui Sow, coordinateur régional du réseau de campagne d’Afrique sur l’Education Pour Tous Nous étions au CEPEC pour travailler avec Bruno sur un projet que nous allons prochainement mettre en oeuvre En échangeant avec Charle Delorme, directeur du centre, sur nos collaborations avec Koupéla au Burkina Faso, celui-ci nous informe que Gorgui Sow, ancien élève du CEPEC est dans les murs du centre et que ce serait bien de prendre quelques minutes pour échanger. Merci Charles, heureuse initiative !
Nous voici donc dans le bureau de Charles et, après une brève présentation réciproque j’y vais de mon couplet sur la mission de nous avions assumée à Koupéla et sur la perspective de la prochaine qui doit partir en octobre 2007. Je lui explique que dans le même état d’esprit nous allons probablement travailler avec les associations de Youri et de Givors Gavinané pour une troisième mission au Mali. Je lui fais part de notre relative déception qu’en à la première mission et dans quelle conditions nous préparons la première.
Il m’écoute.
Il m’écoute dire que malgré le travail intense que nous avions fait pendant 8 jours sur place en 2005, il ne restait, trois mois après pas grand-chose de la formation dispensée à une dizaine de personnes pour utiliser la messagerie et la navigation internet afin de mieux communiquer entre les deux comités.
Il m’écoute dire que fort de ses enseignements nous envisagions le deuxième volet de notre mission en organisant les usages de ses messageries et du site web afin que nos amis de Koupéla voient concrètement l’utilité des TIC.
Il m’écoute
Il m’écoute dire que nous sommes heureux d’assumer ses missions, mais que nous ne connaissons pas les habitudes de vie culturelles de façon à adapter aux mieux notre démarche.
Il m’écoute
Il m’écoute Gorgui Sow…..
et il prend la parole…
et je reçois une des plus belles gifles de ma vie!!!
Gorgui nous explique posément ce qu’est l’ANCEFA, sa mission, sa stratégie sur place et les très grandes difficultés que lui (et j’entends dans ma tête lui qui est né la bas) sur place il rencontre pour mettre en oeuvre son programme, face à des gouvernants qui ne sont pas à l’écoute des peuples.
Il explique que leur démarche de l’ANCEFA c’est de faire travailler ensemble des groupes qui n’ont pas l’habitude de le faire, mais qui, s’ils s’unissent, sont capables de faire réellement bouger les choses : les journalistes, les chercheurs, les humanitaires et les syndicalistes.
Je l’écoute Gorgui Sow et un malaise commence à monter en moi !
Il nous fait part que lorsque comme au Nigère ces quatre corporations s’unissent elles sont capables de déstabiliser des gouvernant plus préoccuper à recevoir la manne financière de l’étranger que d’organiser la vie sociale et économique et rendre progressivement à une véritable prise en main des destinées de leur pays.
Je l’écoute Gorgui Sow et je vois venir progressivement le coup de massue
Il explique qu’en Afrique « l’argent des blancs » est bien souvent vu comme une aubaine, mais aussi comme un fardeau qui n’engage pas sur ce qu’il y a à faire.
Je l’écoute Gorgui Sow et la je la reçois la gifle !
Il dit Gorgui que si on veut réellement faire sur place on ne peut pas faire sans les pouvoir locaux, sans les groupes en place, sans les populations. Il faut les convaincre et les laisser imaginer ce qu’il pourrait être fait de ce don apporté par des citoyens français, qui ont par militantisme ou par leur impôts apporté de l’aide. On ne peut pas faire sans les pouvoir locaux en place, en bref on ne peut pas faire à la place des Africains. On peut accompagner, aider, mais en aucun cas se substituer et amenée la bonne parole. La bonne volonté n’est pas une excuses, il faut beaucoup d’humilité.
En bref il explique tout ce que je m’évertue à mettre en oeuvre ici, en France.
Voilà, sur le coup….ça fait drôle… heu on peut même dire ça fait mal,… mais à y regarder
Merci Monsieur Gorgui Sow.
Merci de rappeler ainsi, sans agressivités ni mépris que les pratiques coloniales ne sont peut-être pas si loin que cela.
Ce que je retiens quelques semaines après cette rencontre c’est que:
La bonne volonté ne suffit pas, l’exigence est nécessaire pour qu’à chaque moment de nos interventions, que ce soit en France ou à l’étranger on ne fait pas à la place des gens qui vivent les situations quotidiennes, mais on fait avec eux, avec ce qu’ils sont, sans à aucun penser que notre façon d’agir est probablement la meilleur.
Il faut être armer de nos partis-pris, certes. Les certitudes sont nécessaires pour avancer, mais elles ne doivent pas occulter une dose nécessaire d’humilité.
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