1er tour des élections présidentielles : Deux ou trois choses à dire en mode colère mais pas que !

Pour donner une chance à un avenir en commun qui se conjugue avec les jours heureux, il faut que les choses se disent!

Depuis dimanche, je lis de nombreux de militants de LFI, jeter l’opprobe sur les communistes et plus particulièrement leur candidat Fabien Roussel. Adrien Quatennens reprends à son compte (aller voir à partir de 3 minutes15 de la vidéo) une caricature largement partagée sur les réseaux sociaux en déclarant « qu’incontestablement le poil des fesses qui a manqué à Jean Luc Melenchon pour être élu, s’appelle Fabien Roussel ». Au delà de la vulgarité, c’est insupportable. Honte à lui, ses propos dévalorisent le grand travail et l’investissement militant de tous ceux qui croient à l’avenir en commun.

Dimanche soir, au cirque d’hiver, les militants LFI scandaient « Melenchon à l’Elysée, Roussel à la poubelle » et comme le souligne le Canard de ce 13 avril, « aucun membre de l’état major n’était là pour calmer les ardeurs ». Bravo les chancres de l’éducation populaire ! Vous n’avez rien compris à ce concept ni à ses valeurs. Jeter ainsi l’anathème sur une personne publique pour expliquer le manque de voix est irresponsable de la part d’un homme politique et d’une organisation qui occupent de telles responsabilités. C’est dangereux et peu respectueux. Cela me rappelle des temps nauséabonds. Dans un climat de déception, tel qu’il est qu’aujourd’hui, les conséquences sur le réseaux sociaux sont immédiates : insultes, propos outranciers manquant de hauteur. Même Marie George Buffet y a eu droit alors que l’on connaît sa position.

Quel est le but de lancer à la vindicte les responsables supposés de ce qui n’est pas un échec (22 % tout de même) ? On pourrait attendre d’une organisation telle que LFI qu’elle se pose et analyse les résultats. Dire que les 400 000 voix manquantes c’est la faute des communistes, comme dirait l’autre « c’est un peu court jeune homme ». Le PCF compte aujourd’hui 56 000 adhérents. 80 % d’entre eux ont décidé démocratiquement (hé oui) de présenter un candidat. On peut donc considérer que 45 000 voix étaient acquises à Fabien Roussel. Celui-ci a recueilli les suffrages de 800 000 citoyens. 760 000 citoyens, non encartés ont fait un choix qui doit être respecté. Cela s’appelle la démocratie.

Je fais partie de ces personnes, qui jusque dans l’isoloir ont hésité. Ce ne sont pas les invectives et autres dénigrements lus sur les réseaux sociaux de la part de militants et sympathisants LFI qui m’ont convaincu de déposer un bulletin Mélenchon. C’est l’immense espoir de pouvoir ne pas avoir à «mettre une grosse pince à linge ou mettre des gants » pour le deuxième tour, en référence à ce que déclarait Mélenchon en 2002 alors qu’il nous invitait à aller voter Chirac au deuxième tour afin de battre Le Pen. J’ai repoussé mon vote de conviction pour les législatives. Il se portera sur les candidats communistes ou sur un candidat issu d’un accord local ou national entre PCF et LFI et/ou la gauche populaire.
J’ai cédé au vote utile. Les discussions que j’ai eu avant et après le premier tour me laissent penser que je suis très très loin d’être le seul. Je crois qu’on peut raisonnablement penser que l’influence du PCF est au dessus 2, 4 %. Il en est probablement de même pour d’autre. Je suis donc en colère avant tout chose contre moi, mais pas que …

Il serait inutile, dangereux pour LFI de considérer le PCF, au mieux comme un obstacle, au pire comme un ennemi plutôt que comme un partenaire.
Le PCF est aujourd’hui l’un de plus ancien parti de France. C’est un atout qui ne doit pas l’empêcher de poursuivre une mue largement entamée. N’oublions pas que nous avons tous une carte dans la poche que l’on doit au PCF, c’est la carte vitale. On découvre dans le film documentaire « La Sociale » combien ce fut une lutte acharnée pour la mettre en place. Les milliers de militants communistes y croient dure comme fer, les valeurs d’entraide, d’abnégation sont leur carburant, la lutte pour un monde meilleur est chevillé au corps, ils ont l’horreur absolue des inégalités, de la richesse outrancière, de la guerre, du racisme. Combien de morts dans les rangs des communistes français pour la liberté et le respect des peuples. Ces militants sont fiers de l’histoire de leur parti, celui de la résistance, des luttes contre le colonialisme, de leur investissement au quotidien dans les syndicats, …. . Ça oui c’est indiscutable et cela mérite le respect. Pour eux, pour moi, pour les 800 00 personnes qui ont voté Roussel, le PCF n’est pas « la mort et le néant ». En rédigeant ce message en 2017 Jean Luc Melenchon a infligé une blessure profonde à ces femmes et hommes , alors qu’à l’issue du premier tour de la présidentielle, il était en capacité de rassembler. Depuis 2017, j’ai croisé des militants communistes qui ont été profondément meurtris. Tout comme, ils ont été profondément blessés du «  10 mois pour me soutenir, 10 minutes pour appeler à voter Macron ». Bien que je ne sois plus militant au PCF depuis de nombreuses années, j’ai pour ma part également été terriblement blessé. J’ai beaucoup de mal à croire qu’un homme aussi cultivé et brillant, riche de son expérience et, comme il aime à le dire, qui n’est pas né de la dernière couvée, lance ses phrases au hasard. Je ne peux croire que ses propos ne sont uniquement que le fruit d’un moment de colère ou d’égarement.

Gagner l’union c’est difficile, mais c’est indispensable. Il a quelques années, j’ai travaillé à Fontenay sous bois, j’y ai croisé un homme qui nous a quitté depuis mais qui pour moi reste une vraie référence. Louis Bayeurte a été un maire communiste sans jamais disposer d’une majorité absolue au conseil municipal avec son seul groupe communiste. Je me rappelle d’une discussion ou il me disait que oui, c’est pas toujours facile de discuter, que même certaine fois c’était très difficile, voir excédant. Mais il rajoutait aussitôt que la confrontation des idées, sans possibilité d’imposer, avait le mérite d’aller chercher le meilleur de nous même au service de la population. Il était respecté de ses partenaires qui acceptaient ses arbitrages, parce qu’il les respectait. Il a toujours été réelu.

En vieillissant, j’ai eu du mal avec ce vers de « L’Internationale : Du passé faisons table rase (même si remis dans le contexte historique, je peux le comprendre). Le proverbe africain : « C’est au bout de la vieille corde que l’on construit la nouvelle », est de mon point de vue bien plus adéquate à la situation actuelle. LFI est jeune organisation et cela fait du bien de voir et ressentir l’enthousiasme, comme j’ai ressentis l’enthousiasme des militants communistes avec la belle campagne menée avec Fabien Roussel. LFI aussi est nourrie par l’héritage d’une gauche populaire, humaniste, d’une gauche porteuse des valeurs de l’Éducation Populaire.

Dès lors l’amertume ne doit pas prendre le dessus . Pratiquer la politique du bouc émissaire est dangereuse et pas uniquement envers les communistes. Ce n’est porteur d’aucune espérance. La France, le peuple Français est divers, il faut l’accepter. Il faut réfléchir loin des invectives, des injonctions et de la déception si terrible soit-elle. L’avenir de toutes les composantes de la gauche populaire est lié pour le bien de toute une nation et ses citoyens. Toute notre histoire commune en témoigne. Personne ne doit miser sur la disparition du PCF (et d’autres). Beaucoup s’y sont essayés et même, s’il est terriblement affaibli, personne n’y est jamais arrivé. Si une organisation politique est inutile est s’éteint d’elle même, elle n’a besoin de personne pour cela, il faut juste laisser le temps faire son œuvre.

Il faut regarder vers l’avenir immédiat, à moyen et à long terme. Il faut considérer que 22 % c’est une belle réussite et en décortiquer les contours afin de ne pas créer d’autres désillusions dans les semaines à venir si, comme aux législatives de 2017, LFI perd pas moins de 9 % part rapport au score de JML à la présidentielle.

À court terme il faut faire barrage à l’extrême droite.

Le second tour approche. L’extrême droite et à cause de la politique ultra libérale de Macron n’a jamais été aussi proche des portes du pouvoir.

L’extrême droite, là où elle est au pouvoir, est loin de rendre le peuple heureux. C’est du sang et des larmes. Pour ne citer que ceux la :

  • la Russie qui laisse son peuple dans la misère au profit d’une poignée d’olligarques ultra milliardaire
  • Israël qui avec son blocus sur Gaza affame, tue une population qui ne demande qu’à vivre sur sa terre engendrant l’escalade de la violence…

En France, n’oublions jamais Vichy, la collaboration, plus tard l’OAS. N’oublions pas que Le Pen père et fille ne cachent pas leurs accointances avec des nazillons notoires. L’impact sur des milliers de familles , d’hommes, de femmes et d’enfants ostracisés, rejetés au ban de la société serait terrible. Aujourd’hui, elle louvoie en vendant des « mesures sociales » qui s’appuient sur des revendications légitimes. Elle surfe sur une détestation bien compréhensible du pouvoir en place. Son arrivée au pouvoir serait terrible pour des millions de français et français et ne nous faciliterait pas la tâche vers le chemin d’un monde meilleur. Les conditions d’exercice de notre liberté serait entraver encore plus fortement qu’aujourd’hui.
Certains imaginent que les législatives seraient une opportunité pour contrer la montée de l’extrême droite et engager une cohabitation, je vous invite à pendre connaissance de leur vision de la proportionnelle intégrale dans cet article. La proportionnelle intégrale promis par le RN est toute à fait relative. Tout est prévu pour qu’elle puisse gouverner sans encombre et cela fait froid dans le dos. Tout comme les mesures sociales, les mots permettent de tordre la réalité de ce qui nous attends. Ne donnons pas le pouvoir à l’extrême droite, elle ne le rend jamais ou au prix de terribles souffrances.

Alors avec la boule au ventre, avec « des gants et des pinces a linge » le 24 j’utiliserai le seul bulletin restant qui me permettre d’éviter ce que je considère être l’irréparable.

A moyen terme : construire un rassemblement nécessaire

J’apprends en écrivant ses lignes que Manuel Bompard déclare sur France info que

extrait du résumé de France Infos :

(… LFI appelle à un « regroupement autour du programme qui a été porté par Jean-Luc Mélenchon ». Pas question pour autant de s’éclipser dans de trop nombreuses circonscriptions, au profit d’autres partis. Il imagine ainsi que chacun dans ce « regroupement » se voit attribuer un nombre de circonscriptions proportionnel au score de son candidat, au premier tour de la présidentielle. « Ce n’est pas moi qui ait décidé qu’ils fassent moins de 5%, ce sont les électrices et les électeurs », )

Considérer que les 22 % sont acquis aux propositions et au mouvement LFI est pour le moins prématuré.

Je me sens floué. Moi qui est voté utile comme bien d’autre. Le vote utile dénoncé par LFI est utilisé aujourd’hui pour rendre un accord, même temporaire et/ou partielle improbable. Dans cette interview en date du 23 mars 2022 JML déclare : « A cette étape, s’il s’agit d’empêcher l’extrême droite d’être présente au second tour, on ne voit pas très bien pour qui on pourrait voter d’autre que moi ». Je n’accepte pas aujourd’hui que ma voix puisse être aujourd’hui utilisée à d’autres visées. Derrière de nouvelles pratiques, je m’aperçois hélas que les pratiques politiciennes ne sont jamais loin. Rien d’étonnant venant d’un vieux briscard de la politique comme Jean Luc Melenchon, c’est beaucoup plus décevant de la part de la jeune garde qui l’entoure.

Au delà de la bataille de chiffres, on ne construit pas un rapprochement sur des arguments aussi fallacieux. Jean Luc Mélenchon pense t-il finir le travail entamé par l’homme politique qu’il continue d’admirer et en s’inspirant de sa capacité à comploter ?

Et maintenant

Je n’avais pas prévu de terminer ces lignes ainsi.

Il ne faut pas imaginer le PCF ce faire HaraKiri ! Quelle formation politique le ferait ?

Grace à LFI je n’ai plus aucun doute… Même non encarté je retourne à ce que je suis, un communiste indécrottable dans l’âme et les convictions, qui respecte sincèrement ses partenaires fort de ce que les errements du PCF lui ont appris.

LFI si elle le veut, doit résister à la tentation hégémonique, elle n’est jamais salutaire. L’histoire nous apprends qu’il n’y a aucune perspective dans le parti unique ou hégémonique.
Je ne veux pas jouer le vieux c.. mais plutôt regarder ce que l’histoire nous apprend. Le PCF, opérant sa mue démocratique en renonçant à la dictature du prolétariat et alors que qu’il était ultra dominant en 1970 (Jacques Duclos avait fait 21,27 % à la présidentielle de 1969) à œuvrer à l’union de la gauche, en lançant les militants dans une bataille pour exiger un programme commun. Combien de porte à porte organisées pour faire signer une pétition permettant de faire monter l’exigence du programme commun. Il fut abandonné quelques années plus tard par François Mitterand, qui clairement avait pour objectif de réduire l’influence du PCF,et dont les deux mandats présidentiels ont abouti à amorcer la montée de l’extrême droite . Personne n’est devin, et mon expérience m’a appris qu’en terme politique et société, rien n’ai jamais écrit d’avance pour meilleur … ou pour le pire. Je veux croire au meilleur, je ne désespère pas, je n’en ai pas le droit pour les générations à venir !

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